Devenir furtif,
Assécher l'attente
Réunir les manques ensembles
ou les dénouer
Devenir invisibles
Dans l'éclatement et la faillite du monde
Assister à son agonie, la voir bouger, la sentir se penser
Dans une colère déliée, fouillée.
Accepter le face à face avec le trou,
Rejeter la cruauté de l'espoir
Toujours vain
Il n'y a pas de machine à rêves.
Ne plus rien donner, ne rien vouloir recevoir
Devenir néant
Et ne pas reconstruire l'halluciné du réel
Rester là puisqu'il le faut bien,
Dos au mur, sans rien derrière
Mais épouser ses propres métamorphoses
Ne pas se cristalliser sur le temps, toujours mort
Il n'y a pas de demain, jamais
Et puis goûter au frisson de l'intensité
Quand même
Eliminer le fracas du monde
Le brouhaha
Le trop
Le surplus
Zapper tout en oscillant sans cesse entre le dégoût du monde
Et cette pitié de soi-même
Le tout bien arrosé d'une colère d'impuissance.
Et puis voilà, échouer beaucoup, encore, mais avancer quand même
Sans savoir ce que signifie avancer;
Et puis la nuit s'était installée depuis un moment et pourtant nous
discutions comme si le jour n'avait plus de fin *
J'ai alors aimé qu'il me prenne dans ses bras,
Avec cette incroyable douceur si singulière.
Au delà de la fureur, et bien au delà des mots
Nous avons alors entendu un son inédit, loin du fracas
Comme un silence enveloppant.
* merci à Sid pour cette phrase