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27 décembre 2014 6 27 /12 /décembre /2014 19:36

« Le coût de la lâcheté est bien supérieur à celui du courage »

Le libre penser n'est pas figé, arrêté, définitif .. la pensée unique est tout ça !

De même que le courage n'est pas la témérité ni l'absence de peur, ce n'est pas non plus une idée vague. Le courage est une révolte contre un danger, qu'il soit individuel ou plus vastement collectif, c'est une pensée de justice, justice qui ne saurait s'enfermer au risque de devenir totalitaire, c'est aussi une neutralité quand les circonstances le nécessitent. Le courage est un audacieux culot qui ne vaut rien quand il est seul. Il n'a en effet de valeur que quand il représente une éthique collective, je parle ici d'un courage sociétal, politique même, citoyen en tous cas.

Le courage relève de la raison, d'une réelle rigueur intime, et est nécessairement détaché (même si motivé au départ par un sentiment qui rend le courage actif) de l'émotionnel. Mais le tout rationnel est dangereux, tombant bien souvent dans la technicité et la science pures au risque de se noyer dans des opinions infondées. Si le courage et la recherche de vérité sont intimement liés, il n'en demeure pas moins que cette dernière n'est pas si facile d'accès, à plus fortes raisons quand elle bouscule cruellement nos croyances ; dans ce cas l'honnêteté doit être notre sœur intime. N'est-il pas dit dans la sagesse populaire que « seul l'idiot ne change pas d'avis » ?. Le plus grand danger est toujours et encore la pensée intime totalitaire, qui se fixe, se rigidifie.

Il n'y a pas de courage sans bon sens, ce qui rejoint ce qui vient d'être dit ! Le bon sens pour autant n'est pas toujours ce qui arrange nos petites affaires, celles avec lesquelles nous composons intérieurement, ces petites lâchetés personnelles avec lesquelles nous composons, bousculer son confort intime n'a rien d'agréable, lâcher ses certitudes non plus. Le courage ne sait pas se dissocier de la raison, mais il faut aussi que le ventre soit agité par le désir, raison et cœur vont donc ensemble mais l'un ne prend pas le pas sur l'autre. Il y a dans le courage, cette envie de dignité, ce désir qui nous empêche de ployer un genou et de baisser la tête, la fierté n'est pas une tare quand elle se met au service de la vérité aussi difficile qu'elle soit.

Nous sommes pourtant dans une époque de valeurs molles, dans le sens où les dites valeurs ne mènent à rien, ni créativité, ni inventivité, ni solution. Ces mêmes valeurs qui hurlent au scandale à la moindre petite défaillance souvent sans intérêt ! Au fond ces valeurs là permettent a minima de ne pas s'engager dans ce qui fait la force du courage : la grandeur ! C'est en ce sens que nous perdons notre autonomie, notre souveraineté, regardant passivement bien que râlant ce qui nous est servi tant par les médias écrits que télévisuels. Nous avalons des opinions, des idées, des paroles sans nous préoccuper du fond, donc de cette vérité qui nécessairement nous égratignerait si nous ne nous laissions berner par toutes ces distractions. Et puis une information en chasse une autre, à peine digérée, une autre la remplace sans que nous ayons eu le temps de discriminer ou plus précisément sans que nous ayons eu l'envie de le faire. Par le fait nous donnons de la puissance aux dérives de cette société et actons les actions politiques posées. Il n'y a pas de monde sans l'humain, il n'y a pas un autre éternellement responsable, nous sommes définitivement acteurs et de fait complices de ce que nous haïssons le plus.

« J’ai perdu le courage comme on égare ses lunettes. Aussi stupidement. Aussi anodinement. Perdu de façon absolue, si totale, et pourtant si incompréhensible. (…) L’apprentissage de la mort, est-ce celui du courage ? Savoir qu’il va falloir tenir alors que rien ne tient. Est-ce cela la vie ? La vie digne ? Comment apprendre le courage ? Comment reprendre courage ? Comment nourrir le courage pour qu’il ne vous quitte plus ? J’ai perdu courage alors même que je voyais la société dans laquelle je vivais être sans courage. J’ai glissé avec elle. Glissé en elle. Me mêlant chaque jour à cette négociation du non-courage. Là, il n’y a pas d’eau. Seulement la corrosion. C’est Naples et ses ordures. Nous vivons dans des sociétés irréductibles et sans force. Des sociétés mafieuses et démocratiques où le courage n’est plus enseigné. Mais qu’est-ce que l’humanité sans le courage ? (...) Je crois que sans rite d’initiation les démocraties résisteront mal. Je vois bien qu’il faut sortir du découragement et que la société ne m’y aidera pas. Comment faire ? Qui pour me baptiser et m’initier au courage ? Qui pour m’extraire du mirage du découragement ? Car il me reste un brin d’éducation pour savoir que cela n’est qu’un mirage. Qu’il n’y a pas de découragement. Que le courage est là ; comme le ciel est à portée du regard. »

Cynthia Fleury, , La fin du courage, publié en 2010 chez Fayard.

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