Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 mai 2022 2 17 /05 /mai /2022 11:21

Je ne peux pas prétendre avoir fait le tour de l'humain dans toutes ses complexités qui sont aussi les miennes. J'en sais pour autant assez pour avoir la certitude que rien n'est à trouver de plus que ce qui est et je ne m'en réjouis pas ! L'inédit, l'exceptionnel, l'inventivité que je cherche sont autant de radeaux destinés à ne pas me noyer, je m'y accroche désespérément avec en sous-jacent l'idée même que je me fourvoie. Je n'échappe pas à cette lucidité qui me colle aux basques, cette même lucidité qui une fois installée ne vous lâche plus, comme l'ennui. Je n'attends rien ou plutôt j'attends tout, sachant que je n'aurai rien .. comme chacun je rêve d'amour, comme beaucoup je ne suis pas certaine d'y croire, à part ces quelques instants fugitifs du début de la relation qui d'un seul coup nous emporte, nous enthousiasme, pour un temps. Je ne crois ni en l'empathie, ni en la gentillesse, ce faux semblant si vastement pratiqué, les gentils m'effraient, je leur préfère et de loin les agressifs, les écorchés, au moins le décor est posé. Le gentil lui n'aura de cesse de vous enrober pour pouvoir mieux vous tacler au moindre faux pas. 

Je ne crois pas à la bien-pensance et à la générosité gratuites, je crois aux bénéfices secondaires, dans tous les cas, connus ou inconnus. La confiance n'est pas ma tasse de thé et je trouverai toujours le petit grain qu'il ne faudrait surtout pas voir pour a minima vivre avec un peu de sérénité. Je ne crois pas à ces grands regrets qu'on étale quand un caillou est venu se loger dans sa chaussure, regrets censés racheter je ne sais quelle saloperie posée même si de manière irréfléchie, comme si l'histoire pouvait se réécrire, les choix que nous faisons, le mal que nous infligeons relèvent de notre responsabilité, les dégâts se mesurent après coup, trop tard, toujours trop tard, rien ne se répare et les mots restent insuffisants. Je ne repousse rien pour autant, j'ai en moi tout ce que je reproche aux autres, peut être ai-je étudié cela de plus près que certains autres, sans doute est-ce aussi une construction ancienne en fonction d'événements liés à l'enfance, sûrement même, la méfiance m'a été inculquée très tôt et je ne l'ai jamais abandonnée.

Mais pour autant je me refuse à entraîner le monde avec moi accroché à mes croyances, mes idéologies, mes angoisses, mes terribles solitudes, mon ennui éternel. Tout ça m'appartient et je ne peux en aucun cas le partager ni véritablement le faire comprendre, je ne le veux même pas. Le monde se soutient de l'ensemble de toutes ces pensées, ces peurs, cette solitude ontologique qui est le lot de tous et que beaucoup camouflent avec application. La lucidité n'est pas nécessairement bonne conseillère et certainement pas la porte ouverte à une vie heureuse, encore d'ailleurs faut-il savoir en quoi consiste "être heureux". Avoir quelques joies parfois, fugitives toujours car nous ne tenons rien, rien ne se grave de façon définitive, le malheur non plus. La vie, la mort restent des énigmes auxquelles personne ne répond, nous ne faisons que traverser le temps en le tuant tout en croyant en faire quelque chose, mais quoi ? Voilà bien la question existentielle la plus profonde pour moi .. que faisons-nous de nos vies, de ce temps même si inexistant en réalité qui nous est imparti ? que penserons-nous de nous-mêmes à l'instant final ? 

Il m'aurait sans doute été plus facile de naviguer dans cette vie avec quelques illusions, sur les autres, sur moi, mais ce ne fut pas le cas, je ne peux pas revenir en arrière et me laver la cervelle pour tenter une sorte de naïveté béate. Heureux les simples d'esprit et dans ce mot "simples" j'y vois finalement une grande intelligence, possiblement même la seule façon de vivre une vie qui dès le départ m'a parue dénuée de sens. Comme j'aurais aimé être simple oui .. croire aux miracles, pratiquer l'espoir non pas comme le disait Cioran en tant que vertu d'esclaves, mais bien dans ce courant d'espérance qui fait que tout est possible surtout le meilleur, ne jamais voir le vice là où il se loge, la manipulation dont l'humain est capable tout en en étant inconscient dans la majorité des cas, tous ces camouflets dont il se pare pour oublier qu'il est destructeur et auto-destructeur et surtout qu'il est mortel.

Je n'y réussis pas ! Et d'une certaine manière, je ne suis plus vraiment là .. sans pouvoir préciser exactement où je me trouve ! une sorte d'ailleurs inconnu en somme dans un détachement de plus en plus prégnant qui pour autant n'est pas synonyme de paix  .. 

Partager cet article
Repost0

commentaires