C’était comme un voyage,
En terre inconnue.
L’histoire se déroulait
Au rythme d'un train,
Comme une clameur
Joyeuse !
Elle avait donc un début
Mais de la fin, il ne reste rien.
Rien qui ne fut donné,
Rien qui ne fut pris,
Rien qui puisse demeurer.
Juste des mots, des gestes
Et puis un arrêt, opaque,
Comme un silence !
Il n’y a rien à en dire,
Ni à croire,
Ni Personne !
Les paroles, la vie, tout est aléatoire.
Tout fuit, tout lâche,
Tout se néantise.
Et quels choix :
Se soumettre comme un mutilé,
Se démettre comme un perdant
Se battre est vain,
Même si
Au bord du vide,
La faim toujours, encore
Même en rade.
Et puis ?
Illustration Michael Parkes
http://www.piersidegallery.com/artists/parkes/
"Je provoque à l'amour et à la révolution". Je provoque à l'amour véritable, à celui qui se vit à deux, à celui qui se vit d'amour.... A la révolution des consciences." "La solitude" est le remède pour survivre à une société moderne éclatée. Le cri de Ferré et le cri de Munch, ils sont de même. Ils pressentent pour mieux assumer. "Le désespoir est une forme supérieure de la critique". Léo Ferré
La révolution des consciences dans un monde où chacun est passionné d'ignorance, pétri de suffisance, inexistant à force d'êre trop médiocrement présent !
Le désespoir sans nul doute est bien le seul remède, uni à jamais à la solitude et à la lucidité!
Pour Laurence, baci
Dire je t'aime
Chacun en rêve
Chacun en crève
Beaucoup en veulent
Peu le peuvent !
J'te kiffe
C'est fashion
Tendance
Et plus fun
Ce sont des mots
Mais il y a la manière,
Comme dire Merci
C'est magique, courtois
La force c'est le désir,
La passion
L'Envie
Et se faire chanter l'âme
Le temps qui reste est toujours restreint
Dire je t'aime, c'est l'éterniser
Je t'aime ça a plus de gueule que j'te kiffe
Dans le je t'aime, le corps se rassemble, se love
Se cajole, se console !
Et rit aux éclats ...
Le rien est un silence,
Une absence du tout
Une immobilité qui dérange
Ce monde qui meurt
De ce trop de tout !
Il n'y a rien,
que des mots qui se taisent !
Car parler pour dire le rien
C'est ne rien en dire
Comme de la mort
L'ultime du rien
Au delà
Au dedans
Fermer sa gueule,
Eviter de remplir,
Apurer,
Passer le mur,
Et faire la niche aux bien-pensants !
Rien vous dis-je
La vie s'écoule et ne retient rien,
Alors vivons
Dans l'insaisissable du rien !
A force d'en parler, le néant finit par avoir de la consistance (Léo Ferré, Ludwig)
En haut de la côte
Un jour, en haut de la côte, je suis parti chercher
Un morceau de soleil, une simple couche.
J’ai cheminé tout droit, fendant l’ombre farouche
Conscient des dangers, sans tergiverser.
Cultiver le sourire fut un très sage choix,
C’est l’aile indispensable pour pouvoir s’envoler.
Je n’ai pas choisi de vivre au pied d’un glacier
Si c’est là que le bien a besoin que je sois.
J’ai chanté la paix et la fleur ai soignée,
Dans les jours de soleil et dans les jours obscurs,
Je confirme aujourd’hui, en de sordides murs,
Que l’amour est la plus sûre des libertés.
Tony Guerrero
Prison de Florence (Colorado)
Tony Guerrero est l´un des cinq Cubains emprisonnés injustement dans les geôles étasuniennes pour avoir découvert les auteurs d´expéditions terroristes vers Cuba.
http://cubasilorraine.over-blog.org/article-cuba-et-les-5-de-miami-texte-et-poeme-de-tony-guerrero-59199836.html
La maladie de la mort
de Marguerite DurasL'amour à l'ombre de l'histoire
par Charlotte LDSH
L’amour, « vous avez pu [le] vivre de la seule façon qui puisse se faire pour vous, en le perdant avant qu’il ne soit advenu ». Ainsi Duras met-elle fin à La Maladie de la mort, à l’histoire d’un amour perdu avant d’advenir, et qui pourtant a été viable par cela même. Oui, il a été vécu, mais dans l’inviable, dans l’impossible, dans cet impensable : « Vivre un sentiment d’amour sans en vivre l’histoire ».
L’œuvre durassienne, de textes en textes, nous rapproche des limites de l’érotisme, venant les bouleverser, jusqu’à l’effacement, un point où plus rien ne semble possible, et pourtant...Dans La Maladie de la mort, l’histoire naît d’une impasse : un homme homosexuel paie une femme pour essayer, s’essayer, « Essayer quoi ? / (…) D’aimer » (p.9). Aimer comme un remède à la maladie de la mort… Parce que chez Duras, la mort peut se vivre ; elle se vit, du manque, de l’étalement du sans amour, partout. Rien à faire, rien à donner, rien à recevoir, sauf, d’elle -une femme- cet implacable verdict : « Vous allez mourir de mort. Votre mort a déjà commencé. » (p.48).
Ainsi cet homme qui n’a jamais connu que ses semblables, qui se meurt depuis qu’il vit, s’aventure à la rencontre de l’autre : une femme, la femme, première, « trouvée partout à la fois, dans un hôtel, dans une rue, dans un train, dans un bar, dans un livre, dans un film, en vous-même, en vous, en toi » (p.9)… Ainsi s’ouvre le livre, au hasard du désir d’un homme, dans le conditionnel, l’improbabilité de lieux anonymes. « Trouvée » n’importe où… Qu’importe : une femme.
Non, ce n’est pas une prostituée, et pourtant il la paie. Parce qu’il faut un contrat, des conditions, des règles, pour que l’histoire ne les submerge pas. Ainsi la jeune femme viendra chaque jour, avec la nuit, et pour une durée précise. Elle devra se mettre nue, exposée dans la lumière, immobile, tout à la fois offerte et recluse dans son sommeil, docile et inaccessible dans son silence...
Le contrat des nuits signe ainsi le voeu d’une rencontre dont il creusera l’impossibilité. Terrés dans la chambre noire, l’homme et la femme attendent, dans l’improbabilité d’un sentiment qui ne peut surgir que du hasard, d’une erreur, « Jamais d’un vouloir » (p.52)… Alors ils attendent, dans ce lieu de théâtre où seule l’ombre de la mer rompt avec l’immobilité qui les étreint, cette « mer noire [qui] bouge à la place d’autre chose, de vous et de cette forme sombre dans le lit » (p.32).Avec elle, l’homme prend donc le risque de l’impossible. « Vous le faites, vous prenez » (p.53). Lui aussi s’expose, et peut-être bien plus qu’elle, puisqu’il se brûle à l’altérité d’un corps, d’un sexe et d’une sexualité jusqu’alors ignorés de lui, radicalement inconnus, interdits. Vivre l’histoire, pour lui, c’est enfreindre l’interdit premier, tout à la fois celui de la femme -sexuelle et maternelle-, celui de l’hétérosexualité, et celui de l’amour. « Cela est fait » (p.53) : tout est devenu possible, mais de toutes parts l’homme se consume, se perd, dans cet horizon toujours refusé qui soudain s’ouvre, et le dérobe à lui-même.
Happé, l’homme, et la femme, disparue, avant que n’advienne l’histoire.
Celle-ci, vécue dans l’ombre d’elle-même, il la racontera pourtant, « comme s’il était possible de le faire » (p.55)… On la lui dicte, et « Vous le faites, vous prenez » (p.53). Et, nous, lecteurs, on l’entend se dérouler comme un songe, quand il n’y a encore que soi, l’homme ou la femme, face au tout possible de l’histoire.La Maladie de la mort, Marguerite Duras la jette donc aux yeux du monde, découverte dans un livre « [réduit] (…) à sa maigreur », un livre corps à corps, un huis clos resserré entre une femme dormante et un homme en mort.
Lire, c’est alors étreindre l’impossible, et laisser que s’élève, à l’ombre d’« une histoire qui en passe par son absence », la fulgurance du pur fantasme.
L'arrogance des sots, celle qui ne sait rien mais veut tout .. l'arrogance impose son mépris, comme une injure à l'autre, l'autre cet éternel danger de celui dont la fierté est si démesurément détestable qu'il en devient puant. Nul salut pour l'arrogance habitée d'aigreur et de médiocrité. L'arrogance se persuade qu'on lui doit !
L'arrogance croit avoir raison sur tout, portant ses vices les plus infâmes, lâcheté, mollesse et médiocrité comme autant de trophées !
L'arrogance menace, trahit et passe de l'un à l'autre et puis de l'autre à l'un pensant que chacun l'accueillera à la place qu'elle revendique, celle de la puissance qu'elle n'est pas et n'a pas ! Le ridicule ne tuant pas, l'arrogance croit se faire oublier.
L'arrogance est inconsciente, inconstante et peu fiable !
L'arrogance a une revanche à prendre, sur la vie, sur le destin, sur les autres qui sont nécessairement ses principaux ennemis, fomentant dans son dos, l'orgueil est son crédo .. L'ignorance est sa compagne ..
L'arrogance se croit indispensable, elle s'arroge le pouvoir mais qu'un caillou vienne pourtant flotter dans sa chaussure et l'arrogance n'assume plus, seul l'autre n'a pas su, ne l'a pas compris, la laisse là, l'abandonnant au comble de son insuffisance !
L'arrogance est agressive, vindicative, médisante, destructrice et stupide !
L'arrogance est de la race des nuisibles !
JE SUIS UN RÉVOLTÉ PERMANENT et je m'emploie à trouver le bonheur, où qu'il soit, pour le traduire et le réinventer toujours à propos et en dehors des idées reçues.
Je ne crois pas au bonheur permanent parce que rien n'est permanent, parce que les conditions d'asservissement dans lesquelles nous vivons - les artistes aussi - nous voilent le vrai sens des
choses et des êtres. Il est possible de se désengager de cette tourbe dans laquelle on nous a mis depuis le lait de maman jusqu'aux prétentions exagérées de l'avidité et des manies sexuelles qui
dérivent toujours- en tous cas souvent - vers une maternité, attente comprise de ce mâle qui se prend pour la réincarnation de la force même. Je crois que le bonheur est une suite de malheurs
contournés, muselés. Je crois qu'il est bâti sur des fondations de misère. Et l'Artiste, dans tout ça ? Et l'Artiste ? Nous sommes les délégués des passions crépusculaires. Nous ne vivons pas.
Nous sommes... et encore !
En ce qui doit me concerner absolument, je suis un de la " RÉVOLTE ", vraiment. Et je la tiens avec une laisse, comme on tiendrait un animal monstrueusement
éloquent et furieux. Je ne tiens pas à la laisser partir dans les " associations " ou à l'Académie. Et il faut veiller, sans trêve. Les parfums du bien-être souvent vous assaillent et vous
racontent votre vrai visage et, en tous cas, votre âge. Je n'ai pas d'âge et me surveille, sur ce plan, très objectivement. Si je me voyais, chaque soir, enfiler des pantoufles, alors je ne
serais plus qu'un citatin fichu et chiffré.
La révolte qui a réussi est un asservissement pour d'autres révoltes. La révolte acquise, installée, devient la tyrannie. La révolte doit être permanente
parce qu'elle dépasse le fait historique. Elle est antérieure à l'histoire, c'est une clef qui ouvre, parfois. Il suffit de la joindre à une serrure. L'Artiste doit toujours chercher la serrure
pour lui, et, en tous cas, pour l'Autre. Le révolté fait l'amour avec les clôtures. Il défonce les portes. Les bat derrière lui, sauvagement, mais il ne doit jamais laisser l'entrebâillement par
où soufflent les idées d'apaisement. La révolte apaisée annule le geste de destruction. Il faut détruire, détruire encore. Il faut que l'idée même de destruction n'arrête jamais de procréer la "
négation "...
Je vous dis : NON, NON. Le moment où j'acquiesce me retire tout à fait du monde de la proscription. Si je dis, OUI, c'est terminé.
LA RÉVOLUTION ? CA TOURNE. Je ne crois qu'en l'insurrection quotidienne, voire minutée. Les syndicats ont tué le libre arbitre du citadin et les citadins ne le
savent pas. Lénine disait bien :
"Pour un oeil, deux yeux, pour une dent, toute la gueule "...ça doit être ça, la RÉVOLUTION.
Les révolutionnaires ? Ce sont les employés de la révolution.
La jeunesse du monde actuel est un ferment d'anarchie. L'heure est venue de leur donner la main et l'esprit afin qu'éclatent les anciens cadres dans lesquels nous
essayons encore de nous montrer ineptes et retardés. Il ne faut pas que les jeunes ratent le train et finissent, à la trentaine, dans les camps du pouvoir, quels qu'ils soient. LE MARXISME EST
RESTÉ A LA CONSIGNE DE 1917 et personne n'a été le réclamer.
Ce ne sont plus les prolétaires qui doivent s'unir. Les prolétaires sont divisés et dans les syndicats, et dans le rang social, et dans le coeur.
JEUNES DE TOUS PAYS, UNISSEZ-VOUS POUR DÉFENDRE VOTRE SEUL BIEN : LA VIE.
IL FAUT DÉSAPPRENDRE TOUT.
LÉO FERRÉ (1989)